Qu'est-ce que le Sahaj Marg ? Approche d'un concept évolutif

dimanche 9 mars 2008

Ashrams : la fièvre acheteuse ?

(Dernière actualisation : 7 novembre 2008)

Recherche local commercial 300 m² avec bureaux. Telle est la petite annonce que pourrait passer la SRCM Lyon actuellement. En effet, Ajay Kumar Bhatter a donné son accord au Centre de Lyon pour entamer la recherche d'un ashram.
"Comment construire un Ashram - grâce à l'amour du Maître", tel est le thème du séminaire suisse qui s'est déroulé du 19 au 21 septembre 2008 à Vaumarcus, près de Neuchatel…

Les cadeaux de César

A Lyon, le "cadeau du Maître" va coûter 300 000 € selon les estimations des responsables. Dans sa grande bonté, la SRCM France qui récupère 60 € sur une cotisation de 75 et gère son petit million d'euros de placements financiers prévoit d'en financer la moitié. Aucun financement international n'est prévu. Les abhyasis lyonnais doivent trouver le restant par eux-mêmes : à savoir à peu près 3000 € par personne ! Tel est donc le cadeau de Chari…
A quoi sert la fondation suisse SMSF qui collecte les donations européennes si elle ne participe pas ?
Alors que les travaux de rénovation de l'ashram de Lausanne sont à peu près terminés, alors qu'il est devenu un lieu de vie de plus en plus actif, Chari a décidé de s'en débarrasser pour en faire construire un autre ailleurs. Les abhyasis ont beau ne pas être convaincus, Chari passe outre quitte à dynamiter la dynamique romande et c'est donc "grâce à son amour" que devra se construire ce nouvel ashram. Grâce à l'amour de Chari…

Tels sont les généreux cadeaux de Chari à ses chers abhyasis !

Des transferts de fonds vers l'Inde

A la SRCM de Chari, un ashram c'est a minima un hall de méditation avec un cottage ou un appartement pour Chari. Et le cottage a autant sinon plus d'importance que le hall de méditation, puisque le plus grand espoir des abhyasis est de voir Chari leur rendre visite…
Effectuons un bref retour en arrière sur l'apparition de ces ashrams qui poussent comme des champignons :

1976, Babuji inaugure l'ashram de Shahjahanpur. 30 ans après la création de la SRCM, c'est le premier ashram de la Mission, le seul que créera jamais Babuji. Et encore, c'est en prenant sur ses propres biens familiaux…
Arrive 1988-89, 10 ans plus tard. Babuji est décédé et c'est Chari qui tient les commandes. Changement de stratégie : il a chauffé à blanc ses fidèles occidentaux. S'il veulent le voir revenir, il leur faut un ashram. Ce seront d'abord le château d'Augerans en France et Molena aux USA. Et cela ne semble jamais s'arrêter : Vrads au Danemark, Broomlee en Ecosse, etc.
A nouveau 10 ans plus tard, Chari s'est fait un nom, une renommée en Occident. Il est temps pour lui de songer à rentrer au pays. Cette fois, il saigne les occidentaux pour ses projets indiens. Et en 1999 on inaugure en grandes pompes le Babuji Memorial Ashram (5 ha, un hall de méditation pour 13 000 personnes, 2 à 3 millions de dollars estimés à l'époque). Et les grands ashrams indiens suivent : Bangalore, Tiruppur, Hyderabad, Mumbai, Ahmedabad, Delhi, Allahabad, Calcutta et Satkhol. A titre d'exemple, l'ashram d'Ahmedabad s'étend sur 2 hectares, son hall de méditation peut accueillir 2500 personnes, il y a des dortoirs pour 750 personnes et une quinzaine d'appartements…
2005 : Nouveau changement ! On ne finance plus d'ashrams mais une école (la LMOS), des centres de formation (CREST) et des centres de retraite (Panshet, Malampuzha, etc.). Diversification des projets et des investissements, mais c'est toujours en Inde essentiellement que ça se passe. Le transfert des fonds occidentaux vers l'Inde fonctionne à plein régime. Pourquoi changer ?

En clair, Chari a commencé à investir en Europe et aux Etats-Unis, ou plutôt il a fait investir les abhyasis occidentaux chez eux, pour ensuite mieux pouvoir leur demander de financer son quartier général en Inde (le BMA), ainsi que tous ses nouveaux projets…

Au bon vouloir de Chari

Chari s'amuse ! Il joue avec les abhyasis, comme pour tester jusqu'où il ne faut pas aller, sachant qu'on n'a pas encore vu la fin. Ils acceptent tout sans broncher…

En 2003, contre toute attente, il fait revendre le château d'Augerans. Puis les abhyasis australiens doivent revendre leur terrain d'Armadale, près de Perth. Le 16 mai 2006, Chari donne son accord aux Italiens pour leur projet d'ashram, lors de son passage chez eux. Une semaine plus tard, depuis Vrads au Danemark, il annule le projet pour mieux autoriser le 2 juin suivant le projet berlinois. Il dit non au projet londonien et renvoie les abhyasis irlandais et anglais sur Vrads…

Mais Chari ne fait pas que s'amuser ! Si les abhyasis doivent lui demander la permission, ils doivent aussi se débrouiller par eux-mêmes pour le financement. A quoi sert donc la fondation suisse SMSF qui collecte les donations européennes si elle ne participe pas ? Chari (la SMSF) n'a financé que les deux tiers de l'ashram de Berlin. Combien a-t-il mis sur la table pour Milan ? Il refuse de participer financièrement au Royaume-Uni, malgré les 1500 € versés en moyenne par abhyasi ? Et il ne met pas un centime non plus à Lyon quand les abhyasis doivent trouver 3000 € chacun…

Alors, pour que leur projet aboutisse, les responsables du Centre de Lyon ont tout particulièrement soigné leur campagne de communication, en adoptant une stratégie d'évitement des questions financières.
Pour ce faire, ils utilisent les mots de P.R. Krishna, fils de Chari et responsable de la gestion des ashrams dans le monde : un ashram, "il faut le vouloir de tout son cœur. (…) Le problème n'est pas l'argent. Quand le Maître agit, les projets viennent et l'argent est trouvé."
Quand le Maître agit, Chari ne fait rien d'autre que donner son accord via le bout des lèvres d'Ajay pour la recherche d'un ashram. En gros, "allez-y, débrouillez vous". Cela ne signifie pas qu'il acceptera l'achat final, ce genre de revirement s'est déjà vu ! Quant à la SRCM France, elle est beaucoup plus généreuse : du haut de son pactole boursier, elle daigne apporter la moitié du financement, quand elle touche déjà 80% du montant des cotisations de base qui seront doublées l'an prochain…

Un ashram, "il faut le vouloir de tout son cœur". De tout son cœur, vraiment ? Oui, mais surtout de tout son porte-monnaie !
En attendant, "quand le Maître agit", la bourse s'effondre… et les projets sont abandonnés.