Qu'est-ce que le Sahaj Marg ? Approche d'un concept évolutif

dimanche 9 mars 2008

Des pratiques qui évoluent

(Dernière actualisation : 29 mars 2008)

Pour profiter pleinement de cette énergie divine, l'aspirant spirituel doit fournir un effort personnel, codifié par un ensemble de pratiques spirituelles, la sadhana. Celle-ci comporte plusieurs abhyas, destinés à créer les meilleures conditions intérieures à l'aide du maître.

1. Les dix commandements

Babuji a résumé l'ensemble de la pratique spirituelle qu'il recommandait aux abhyasis (ceux qui pratiquent les abhyas) dans ses 10 commandements. Au delà des attitudes "humanistes", ils comportent une prière, si possible avant le lever du soleil, ainsi qu'une repentance pour les péchés commis au coucher du soleil. Sans oublier d'avoir un coeur empli d'amour et de dévotion, et que le but est d'atteindre l'unité avec Dieu. c'est donc une pratique simple, qui permet à la SRCM d'affirmer que le Sahaj Marg est adapté à la vie familiale et professionnelle d'aujourd'hui.

Mais les choses ont beaucoup évolué depuis 1945. Les 10 commandements se sont transformés en maximes, sauf à l'ISRC. Et la pratique s'est complexifiée. A l'heure actuelle, c'est une pratique de méditation centrée sur le cœur, dont le cadre principal repose sur une pratique quotidienne (abhyas), des sittings hebdomadaires et quelques obligations permanentes.

Méditation, cleaning et prière sont les trois abhyas quotidiens qu'il faut absolument pratiquer de manière assidue si l'on veut faire des progrès rapides, donc tendre vers le but ultime mais surtout faire plaisir au Maître.

  • La méditation : elle doit être réalisée pendant une heure, avant le lever du soleil et après s'être lavé. C'est un moment de passivité totale où il faut s'abandonner au divin. C'est-à-dire intérioriser l'adoration au Maître par une totale dévotion.
  • Le cleaning : C'est une méthode active de nettoyage des impuretés accumulées durant la journée. Elle a donc lieu le soir avant diner pendant une demi-heure. Les impuretés, ou samskaras, doivent s'échapper de l'arrière comme de la fumée...
  • La prière : Ce sont quelques mots pour formuler sa complète dépendance au Maître divin. Elle doit être répétée deux à trois fois, avant le coucher, pendant une dizaine de minutes, avec dévotion et dans une attitude suppliante.

Aux abhyas quotidiens individuels s'ajoutent des séances collectives. Ces sittings ou satsangh sont des séances de méditation collective. Elles ont lieu deux fois par semaine, le mercredi soir et le dimanche matin en général, dans les différents centres de la SRCM. Il est vivement suggéré aux abhyasis d'en suivre au minimum une par semaine. Un sitting de méditation individuelle avec un précepteur est aussi recommandé au moins deux fois par mois.

Outre ses abhyas quotidiens et les sittings de groupe, il est conseillé pour progresser rapidement de lire et relire les dix maximes du Sahaj Marg, de tenir un journal quotidien, ainsi que de pratiquer la renonciation, le non attachement et de développer le souvenir constant du Maître (constant remembrance). Enfin, il est naturellement suggéré de rencontrer le Maître le plus souvent possible.

Mais avant toutes choses, pour démarrer, le nouvel abhyasi doit suivre un minimum de trois sittings d'introduction avec un précepteur, pour effectuer son nettoyage ou cleaning initial, sur une période de deux à trois jours consécutifs, à raison d'une demi-heure à chaque fois. Ce n'est qu'ensuite qu'il pourra commencer ses abhyas quotidiens...

2. Dérives vers le culte de la personnalité

Le souvenir constant du but à atteindre, l'unité avec Dieu, s'est totalement transformé avec le temps en souvenir constant du Maître.

Cette évolution a débuté bien avant Chari, puisque Babuji écrivait déjà dans Rôle de l'abhyasi dans le Sahaj Marg : "Le moyen le plus facile et le plus sûr d'atteindre le but est de s'abandonner au Grand Maître et de devenir soi-même un mort-vivant (...). L'abandon de soi n'est rien d'autre qu'un état de complète résignation à la volonté du Maître, avec un complet désintérêt de soi. Demeurer en permanence en cet état mène au commencement de l'état de négation (...). En cet état un homme ne pense et ne fait que ce que la volonté de son Maître lui ordonne (...). Sa volonté sera complètement subordonnée à la volonté du Maître."

Les pratiques ont évolué, par un glissement lent mais permanent des 10 commandements pris dans leur ensemble vers une prépondérance des pratiques qui favorisent le plus le culte de la personnalité. Ainsi, correspondre et rencontrer le maître sont vivement encouragés. En plus ou à défaut, le souvenir constant du Maître et un abandon total à sa volonté deviennent les règles de base.

De leur côté, les abhyasis se prêtent volontiers au jeu. Ils envoient leur journal à Chari, le questionnent régulièrement sur toutes les décisions qu'ils doivent prendre au quotidien et affichent son portrait partout dans leur maison. Enfin, ils se pressent à ses pieds quel que soit l'endroit où il se rend dans le monde, prêts à tout pour l'apercevoir, le toucher ou susciter une réaction de sa part, comme n'importe quelle groupie teen-ager fan d'un chanteur...

La confusion entre Dieu et le Maître a donc été savamment entretenue. De l'abandon au maître, on est passé au culte de la personnalité. Qui des abhyasis ou de Chari a commencé ? Nul ne le sait plus, c'est comme l'oeuf et la poule, cela n'a pas grande importance, le résultat est là. Les abhyasis sont totalement dépendants de Chari, et Chari en redemande toujours davantage.